jeudi 30 septembre 2010

Gabriele Chiari / Sylvie Mas

Vernissage le samedi 2 octobre 2010 à 18h00

  © Gérard Emeriau

Cette exposition est d’abord une idée et une proposition émanant des deux artistes elles-mêmes, qui m’ont invité à partager leurs échanges. Elle repose sur une appréciation réciproque du travail, et sur l’intuition que les échanges et le regard qu’elles pouvaient avoir sur le travail de l’autre pouvait nourrir une confrontation plus directe, au travers d’une exposition, ou plutôt d’une suite d’expositions. Entamée directement dans l’atelier en 2008, cette exposition des œuvres l’une à l’autre a été rendue publique pour la première fois en février 2009 à l’Orangerie du Château de Sucy, et sera poursuivie cet automne à l’Agart, dans une version largement renouvelée et enrichie, puisqu’à cette occasion seront exposées les œuvres produites depuis par les deux artistes.
Sylvie Mas élabore ses sculptures à partir d’une réflexion sur les procédés de moulage et de tirage, sur les techniques du staff dont elle détourne la fonction initiale de reproduction vers la production. Elle exploite notamment les possibilités ouvertes par l’utilisation de matrices souples, qu’elle combine à un travail de coupe et de montage qui s’associe au dessin de la coulée de plâtre. Citant chez Marc Devade « la force matérielle du geste de la couleur », ses réflexions l’ont conduite à l’appropriation, et au déplacement dans le champ de sa pratique sculpturale, de concepts élaborés par celui-ci à propos de sa peinture.
C’est aussi ce « geste de la couleur » que recherche Gabriele Chiari, en déployant la technique de l’aquarelle dans de vastes formats. Après un long moment de préparation et d’expérimentation, qui précède un temps d’application de la couleur relativement court, c’est au terme d’un long temps de séchage et de sédimentation que la couleur y génère son propre dessin, produit de la réserve du papier, de l’expansion de la couleur et de son retrait. L’œuvre ne se réduit pas à la trace indicielle du processus : si l’artiste ne retient et n’expose que les débordements colorés, excès produits par la rigueur de la méthode, la complexité du processus d’élaboration de ces aquarelles vise, a contrario, un résultat d’apparence minimale.


« Je travaille le plâtre, Gabriele Chiari travaille l’aquarelle. Cet état de fait pourrait nous éloigner alors même que la prise du plâtre a une phase fluide et qu’inversement le papier plié, froissé, mis en forme acquiert une spatialité. C’est précisément dans cette exploration des limites de nos pratiques respectives que nos cheminements se recoupent : parce qu’il existe bel et bien entre eux une sorte de conformité inverse. »
Sylvie Mas

« C’est dans leur structure que mon travail et celui de Sylvie Mas me semblent se répondre : un processus de travail rigoureux, lent, en lien étroit avec les possibilités et les contraintes du médium ; des résultats formels variés qui mettent en tension des coulées organiques avec des constructions géométriques d’une relative sobriété ; une part d’aléatoire, en contraste avec la volonté de maîtrise. »
Gabriele Chiari


Un catalogue (36 pages) comprenant notamment des vues de l'exposition ainsi qu'un essai paraîtra courant novembre 2010.

Exposition du 2 octobre 2010 au 8 janvier 2001.
Ouvert le jeudi et vendredi de 13h30 à 17h30, le samedi de 14h00 à 18h00 ou sur rendez-vous.
Fermeture du 23 décembre 2010 au 5 janvier 2011.

L'AGART
35 rue Raymond Tellier (face à la mairie) 45200 Amilly
T: 06 784 784 09 / 02 38 85 79 09
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dimanche 12 septembre 2010

Viviane Zenner, EAUX

(texte écrit à l'occasion de l'exposition Voyage au-dessus des mondes, à la Maison des arts de Farebersviller, du 27 septembre au 4 octobre)


A la source de l’acte photographique, il y a une opération de saisie dans la continuité du visible — opération où la découpe du cadre fixe la limite de ce qui est à voir et contribue à en construire le sens.
Dans les photographies de la série Eaux, c’est pourtant moins le bord de l’image que la surface elle-même qui tient ce rôle de limite — mais une surface, et une limite donc, d’une ambivalence telle qu’elle ouvre l’espace plus qu’elle ne le clôture. Un espace autre — un temps autre.
Redoublant celle de l’image, la surface de l’eau matérialise la zone de netteté d’une profondeur de champ volontairement restreinte, concentre le regard sur ce qui s’y tient de manière incertaine — ce que l’œil parvient à voir, au-delà de laquelle tout se trouble. C’est l’extrémité du volume d’eau qui se trouve là, dessous ; celle aussi du volume d’air qui vient à son contact, y produit parfois plissements et irisations. Les signes épars et muets des herbes nues rencontrant leur reflet viennent fissurer la surface. L’espace s’engendre là — où l’illusion confère à la chose sa réalité.
Viviane Zenner photographie autant la surface de l’eau, les gris laiteux et les couleurs incertaines que la lumière y produit, que l’épaisseur de l’air, qui ne l’en sépare pas mais maintient un contact fluide entre elle et son sujet. Cette relation sensuelle avec les éléments, elle l’exprime notamment lorsque, précisant les raisons du format choisi pour ces images, elle préfère parler de leur « envergure » — signifiant par là le mouvement d’un regard plongeant, comme à bras ouverts, abolissant la distance scopique pour toucher plus intimement, engager le corps dans l’image.
« Embrasser » du regard, n’est-ce pas, justement, dire la part tactile de la vision ?

http://www.vivianezenner.com/
Voyage au-dessus des mondes, Photographies de Viviane Zenner, texte d'Alain Coulange, ENd éditions, 2010.