vendredi 1 juillet 2011

Catherine Melin, Galerie Isabelle Gounod

Ce qui suit est le texte du dossier de presse annonçant la première exposition personnelle de Catherine Melin à la Galerie Isabelle Gounod (Paris), du 10 septembre au 22 octobre 2011. En attendant, plusieurs de ses dessins sur papier y sont présentés aux côtés de ceux d'artistes de la galerie, dans le cadre de l'exposition dessins /3/ desseins, jusqu'au 23 juillet.
D'autres textes publiés dans ce blog sont consacrés au travail de Catherine Melin:
http://heterotopiques.blogspot.com/2010/04/catherine-melin-les-centres-inexistants.html
http://heterotopiques.blogspot.com/2010/04/figures-des-marges.html
http://heterotopiques.blogspot.com/2010/06/catherine-melin-montagnes-russes.html


Pour sa première exposition à la galerie Isabelle Gounod, Catherine Melin investit l’espace dans sa globalité, par un dispositif complexe associant une série de dessins sur papier, des dessins muraux, deux vidéos et des structures linéaires, colorées et modulaires qui redessinent le parcours du visiteur.
L’artiste présente une nouvelle étape d’un travail qui s’appuie sur l’observation des modalités de mouvements du corps dans des espaces urbains qui le conditionnent ou l’excluent a priori. La notion de déplacement, au cœur du travail de Catherine Melin, se traduit par son intérêt pour la façon dont le contexte architectural et urbain peut se voir détourné, réaproprié, traversé et habité selon des modes alternatifs. Elle s’exprime à travers des recherches visant à jouer de la circulation du visiteur dans l’exposition. Elle correspond enfin à une réalité vécue par l’artiste elle-même, qui depuis bientôt quinze ans prélève par le dessin, la photographie et la vidéo les images de sites, souvent anonymes, de villes d’Europe, d’Amérique et, dans les œuvres récentes présentées dans l’exposition, de Russie.

L’architecture imposante et sans grande imagination ainsi que les abords des imeubles d’habitation collectifs des époques soviétique et post-soviétique constituent la matière première de la série de dessins sur papier, dans lesquels s’opère la condensation des images photographiques prélevées par Catherine Melin lorsqu’elle traverse ces espaces urbains de second ordre, à faible légitimité — en particulier les cours et les aires de repos avec portiques de jeux pour enfants — relevant au passage les mutations de l’espace social et urbain que la Russie a connues au cours de ces dernières années. Fruit d’un processus de montage et de stratificiation de plusieurs images, les dessins superposent les structures du bâti et des portiques de jeu, rompant les rapports d’échelle et générant de nouveaux espaces contradictoires et instables.

Les dessins muraux intègrent ces nouvelles configurations dans une logique de montage avec d’autres images (chantiers, mobilier urbain, zones en attente ou en cours de mutation…). Leur projection à grande échelle génère une interaction avec l’espace d’exposition, et occasionne le déploiement du dessin initial, lequel perturbe sans cesse le point de vue du spectateur, dont les déplacements pour tenter de corriger la perspective sont en partie guidés ou contrariés par la présence des structures en trois dimensions, tubulaires et colorées. Ces dernières prennent pour point de départ les structures d’aires de jeu et de mobilier urbain, complexifiées et déconstruites jusqu’à ce qu’elles en deviennent non-fonctionnelles. Ce dont le spectateur fait l’expérience, tandis qu’il parcourt l’espace d’exposition, c’est que celui-ci est redistribué dans sa circulation par les structures en question, qui en même temps prolongent et amplifient les dessins muraux.

À la fois suscités et contraints par le dispositif, les déplacements du visiteur répondent aux séquences vidéo montrant des danseurs et des « traceurs », adeptes du parcours urbain, occupés à traverser, franchir ou occuper des portiques de jeux avec plus ou moins de réussite. Détournés de leur usage premier, ces structures — non destinées aux adultes — poussent ces danseurs et traceurs à inventer de moyens de les investir, à dessiner des trajectoires inédites. Ils répètent leurs mouvements — c’est- à-dire qu’ils les préparent, autant qu’ils les reproduisent sous l’objectif de la caméra. Le temps de la traversée paraît ainsi se dilater sous la multiplicité des prises de vues, tandis que les dimensions réduites des installations interdisent toute dimension réellement spectaculaire du saut. Ces aires de jeux se substituent ainsi à l’espace urbain dont elles figurent une sorte de double — parfois littéralement, certains portiques copiant la silhouette des bâtiments à l’arrière plan. Même s’ils cherchent à investir ces ersatz de bâti, les danseurs et traceurs filmés par Catherine Melin semblent toujours rejetés à la périphérie par une force centrifuge qui leur interdit d’occuper durablement un intérieur au demeurant difficile à circonscrire.
Leur situation fait ainsi écho à celle du visiteur de l’exposition, d’emblée pris dans le flux de constants aller-retours entre l’autonomie de chacune des œuvres présentées et le dispositif global d’une configuration provisoire prennant en compte les sollicitations du lieu (colonne, verrière, angles des murs).

L’exposition rejoue ainsi, dans son espace et sa temporalité spécifiques, les rapports complexes d’usage et de contre-usage qui se construisent et se déconstruisent au sein des marges urbaines — des périphéries comme des interstices des systèmes de planification. Que les espaces représentés se situent précisément à la jonction de la sphère privée et de l’espace public ne fait que rendre plus incertaine encore la possibilité d’habiter l’une comme l’autre.

Catherine Melin est née en 1968. Elle vit et travaille à Marseille.
Diplôme Supérieur d’Arts Plastiques, ENSBA, Paris (1994), Art Institut, Chicago, USA (1993), Licence d’Arts Plastiques, Université Paris VIII (1990).

Expositions personnelles (sélection) bientôt au musée des Beaux-Arts de Calais en 2011-2012. En 2010, Catherine Melin présente son travail successivement au Musée d’art contemporain de Perm (Russie), au Centre National d’art contemporain d’Ekaterinbourg (Russie), à l’Espace Le Carré de Lille et à Artconnexion à Lille, pour une exposition intitulée « Montagnes russes ». Vidéochroniques, Marseille (2010), Musée des Beaux-Arts de Bayonne (2008), Le 19, Centre régional d’art contemporain, Montbéliard (2006), Centre d’art Ecart, Québec (2006)…

Expositions collectives (sélection) notamment Biennale d’art contemporain de Cahors (2011), Lauréate du Prix Drawing Now 2011, lors du Salon du dessin contemporain – Drawing Now Paris 2011 au Carrousel du Louvre, FRAC Nord-Pas-de-Calais. Dunkerque (2009 et 2003), Centre culturel Borges. Buenos-Aires. Argentine (2008), Le 19, Centre régional d’art contemporain, Montbéliard (2007), CREDAC, Ivry-sur-Seine (2002), Espace Paul Ricard, Paris (1998)…

Ses œuvres sont présentes dans les collections publiques du FRAC Nord-Pas-de-Calais depuis 2002, du Centre d’art Borges de Buenos Aires depuis 2008, ainsi que dans de nombreuses collections privées françaises et étrangères.



Galerie Isabelle Gounod
13, rue Chapon 75003 PARIS
www.galerie-gounod.com
+33 (0)1 48 04 04 80 info@galerie-gounod.fr www.galerie-gounod.com
du mardi au samedi de 11h à 19h / opening hours: tuesday to saturday from 11 AM to 7 PM

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire